K'IEN / LE CREATEUR 1
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Trigrammes nucléaires
K'IEN
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et K'IEN
—————————Le maître de l'hexagramme est le neuf à la cinquième place. Le créateur désigne la voie du ciel, et la cinquième place est l'image du ciel. Le créateur indique en outre la voie de l'homme noble et la cinquième place est celle qui revient à l'homme noble en tant que place du souverain. Le neuf à la cinquième place possède également de façon complète les quatre propriétés de fermeté, de force, de mesure
(position centrale dans le trigramme supérieur) et de justice (position correcte, l'élément yang étant à la place yang). En conséquence, ce trait possède le caractère du ciel dans toute sa pureté.
L'hexagramme est rattaché au quatrième mois
(mai-juin), car la force lumineuse y est au zénith.
La connexion des hexagrammes entre eux
Voir 1.
LE CRÉATEUR est fort.
[414]
Le caractère de l'hexagramme est la force et la fermeté. L'image de l'hexagramme est le ciel redoublé, c'est-à-dire deux rotations ou jours successifs.
La figure de l'hexagramme : il est uniquement formé de traits positifs.
LE JUGEMENT:
LE CRÉATEUR opère une sublime réussite
favorisant par la persévérance.
Commentaire sur la décision
NOTE. Ce commentaire attribué sans doute à bon droit à Confucius explique tant les noms des différents hexagrammes que les paroles annexées par le roi Wen à chaque hexagramme pris dans son ensemble. En général, le commentaire éclaire d'abord le nom de l'hexagramme ; pour cela, il remonte, suivant les besoins, au caractère, à l'image et à la forme de l'hexagramme. Il élucide ensuite les paroles du roi Wen en utilisant à nouveau les mêmes sources, ou encore en partant soit de la position du
" maître de l'hexagramme ", soit de la transformation qui a donné naissance au signe. L'explication des noms des huit trigrammes fondamentaux manque, parce qu'ils sont présupposés connus.
Dans le texte chinois, les phrases de ce commentaire sont généralement rimées, sans doute pour permettre qu'elles s'impriment plus facilement dans la mémoire. On n'a pas conservé ces rimes dans la
Tsa koua: Dixième aile, traité sur les hexagrammes considérés les uns par rapport aux autres suivant l'opposition ou la diversité de leur sens
(Legge). Exemple: "
K'ien est fort,
K'ouen est faible etc. " (N.d.T.). traduction, parce qu'elles sont dépourvues de signification. Il est bon cependant d'avoir ce détail présent à l'esprit, car il peut expliquer pour une bonne part la rugosité du style qui a souvent quelque chose de forcé.
Grande en vérité est la réussite du créateur, à laquelle toutes les choses doivent leur commencement et qui pénètre le ciel tout entier.
Les deux paires de propriétés sont divisées dans l'explication en quatre attributs distincts de la puissance créatrice qui a sa forme visible dans le ciel. Le premier est la réussite qui,
[415] en tant que cause première et originaire de tout ce qui est, constitue l'attribut le plus important et le principe le plus vaste du créateur.
Les nuages passent et la pluie opère, et tous les êtres distincts affluent dans leur forme.
On a ici l'explication du terme
" réussite ". La conséquence de l'activité créatrice s'exprime dans la distribution de l'eau qui fait germer et pousser toute vie. Tandis qu'au premier paragraphe il est simplement question du commencement de tous les êtres, les différentes espèces individuelles sont ici nommées dans leur forme particulière. Ces deux paragraphes expriment les propriétés de grandeur et de succès, telles qu'elles se manifestent dans la nature, dans la puissance créatrice. Parallèlement, les attributs de sublimité et de réussite s'incarnent chez l'homme créateur, chez l'homme saint qui est en harmonie avec la puissance créatrice de la divinité.
En tant que l'homme saint possède une grande clarté sur la fin et le commencement, ainsi que sur la manière dont les six degrés s'accomplissent chacun en son temps, il les chevauche comme six dragons pour monter au ciel.
L'homme saint qui comprend les secrets de la création dont le siège est la fin et le commencement, la mort et la vie, la dissolution et la croissance, et qui sait comment ces opposés polaires se conditionnent mutuellement, deviendra supérieur à la relativité de ce qui passe. Le temps signifie seulement pour lui que les degrés du devenir peuvent s'y déployer en une claire succession. Et parce qu'il est entièrement présent à chaque instant, il se sert des six degrés du devenir comme s'il chevauchait des dragons
(images rattachées aux différents traits) pour monter au ciel. C'est en cela que résident la sublimité et la réussite du créateur, telles qu'elles se manifestent dans l'homme.
La Voie du créateur opère au moyen du changement
[416] et de la transformation, si bien que chaque chose reçoit sa nature et sa destin véritables et se met en accord durable avec la grande harmonie. C'est là ce qui favorise et ce qui persévère.
On a ici l'explication des deux autres attributs
" favorisant" et "persévérant". Le caractère de la puissance créatrice de la nature n'est pas l'immobilité, mais le mouvement et l'évolution incessants. Ainsi les saisons de l'année et tous les êtres vivants se modifient et alternent dans leur cours. C'est de cette manière que chaque chose reçoit la nature qui lui convient, laquelle est appelée, du point de vue divin, destinée. C'est là l'explication de "favorisant". En tant que chaque chose trouve ainsi sa nature, il en résulte une grande et durable harmonie de l'univers qui est exprimée dans la notion de "persévérance " (durée et intégrité).
Quand il s'élève, dominant de la tête, au-dessus de la multitude des êtres, toutes les régions entrent ensemble dans la paix.
Ici se trouve décrite l'activité créatrice de l'homme saint qui parvient à faire que toutes choses soient mises à leur place et que la paix naisse ainsi sur la terre lorsqu'il occupe une place éminente de souverain.
Ces explications expriment un parallélisme évident entre le créateur dans la nature et le créateur dans le monde des hommes. Ce qui est dit du créateur dans la nature repose sur l'image du ciel symbolisé par l'hexagramme. Le ciel manifeste le mouvement vigoureux, incessant dont la nature fait que toutes choses surviennent en leur temps. Les paroles concernant le créateur dans l'humanité reposent sur la place du
" maître de l'hexagramme", le neuf à la cinquième place. "Le dragon volant dans le ciel" est l'image de la sublimité et de la réussite du sage souverain. La place éminente de l'homme saint par qui le monde est pacifié trouve son fondement dans la phrase : "Il est avantageux de voir le grand homme ".
[417] Commentaire sur les images
Voir 2
Ce commentaire, qui commence par la combinaison des deux trigrammes, déduit de celle-ci la situation présentée par l'hexagramme dans son ensemble. Il tire ensuite des propriétés des deux trigrammes des conseils pour la conduite correcte à observer dans cette situation.
L'IMAGE:
Le mouvement du ciel est puissant.
Ainsi l'homme noble se rend fort et inlassable.
Le redoublement du trigramme
" le créateur " est l'image du mouvement puissant, répété de façon incessante. II faut déduire des deux trigrammes que l'on puise en soi-même la force et qu'à une action il en succède sans arrêt une nouvelle.
LES TRAITS:
Neuf au commencement signifie :
a. Dragon caché. N'agis pas.
b. Dragon caché. N'agis pas 3.
En effet la lumière est encore en bas.
La place inférieure est pour ainsi dire encore entièrement sous terre, d'où l'idée d'être caché. Mais puisque le trait est plein, l'image choisie est celle du dragon, symbole de la force lumineuse.
Neuf à la deuxième place signifie :
Siang Tchouan : Troisième et quatrième ailes.
La partie du commentaire désignée par la lettre a) a déjà été utilisée au Livre I. Elle constitue ce que l'on appelle
" les grandes images". Celle qu'introduit la lettre b) est désignée du nom de "petites images ".
(D'après une note de la traduction anglaise.) a. Dragon apparaissant dans le champ.
Il est avantageux de voir le grand homme.
b. Dragon apparaissant dans le champ.
[418]
Le caractère exerce déjà son influence dans un vaste rayon.
La deuxième place est la surface de la terre, d'où l'idée du champ. L'apparition dans le champ et la vue du grand homme sont indiquées par le fait que le caractère de ce trait est riche en influence, car il occupe une place centrale
(la deuxième, au milieu du trigramme inférieur), et il est en outre en relation avec le maître de l'hexagramme sous le rapport de la place et de l'affinité de nature.
Neuf à la troisième place signifie :
a. L'homme noble exerce tout le jour une activité créatrice. Le soir, est encore rempli de soucis intérieurs. Danger. Pas de blâme.
b. L'homme noble exerce tout le jour une activité créatrice. On va et vient sur le droit chemin.
La troisième place est en elle-même instable, en tant que place de passage du trigramme inférieur au trigramme supérieur, et par suite il arrive souvent qu'elle ne soit pas précisément favorable. Ici toutefois, en raison du caractère uniforme des différents traits, ce passage n'est lui aussi qu'un signe de l'activité inlassable provoquant un va-et-vient signifie que l'on commence seulement à acquérir de la fermeté morale.
Neuf à la quatrième place :
a. Vol hésitant pas de blâme
b.
" Vol hésitant au-dessus des profondeurs. "
Le progrès ne signifie pas une faute.
On atteint ici la limite supérieure du domaine assigné à l'homme dans l'hexagramme. Une progression sur un sol uni n'est plus possible. On doit oser renoncer à sentir le sol sous ses pieds pour s'avancer plus loin et s'élancer dans le libre espace et la solitude. Ici l'individu est libre, précisément à cause des possibilités qu'offre la situation. Chacun doit déterminer son propre destin.
Neuf à la cinquième place signifie :
a. Dragon volant dans le ciel.
Il est avantageux de voir le grand homme.
b.
" Dragon volant dans le ciel. "
Cela montre le grand homme au travail.
On a ici le maître de l'hexagramme à la place caractéristique qui est celle du maître. C'est pourquoi il est symbolisé par le dragon qui vole dans le ciel.
Neuf en haut :
a. Dragon orgueilleux aura à se repentir.
b.
" Dragon orgueilleux aura à se repentir. "
Car ce qui est plein ne peut durer.
Tout ce qui est parvenu au degré extrême doit se transformer en raison de la loi du changement.
Tous les traits sont des neuf :
Si l'on n'obtient que des neuf, cela signifie :
a. Il apparaît un vol de dragons sans tête.
b. Fortune.
Tous les traits sont des neuf :
La nature du ciel est de ne pas se présenter comme tête.
Si le créateur conduit tout ce qui survient, il ne devient jamais manifeste. Il ne se montre pas comme chef à l'extérieur. Ainsi la vraie force est celle qui, mobile autant que cachée, est à l'oeuvre sans apparaître à l'extérieur. Commentaire sur les paroles du texte
(Wen Yen)
Voir 4.
Remarque préliminaire. Ce livre comprend une collection de commentaires des deux premiers hexagrammes du
[420] Livre des Transformations. Deux de ces commentaires traitent du texte concernant l'ensemble de l'hexagramme (le Jugement) ainsi que du Touan Tchouan (Commentaire sur la décision), tandis que tous les quatre expliquent les différents traits. Dans le texte original, l'ordre de la succession est le suivant : a) 1-9 ; b) 1-7 ; c) 1-7 ; d) 1]13. Dans ce qui suit, en vue d'une plus grande clarté et pour éviter d'inutiles répétitions, les différents commentaires ont été groupés et peuvent être distingués grâce aux numéros et aux lettres qui leur sont adjoints.
Sur l'ensemble de l'hexagramme
a) 1. De tous les biens, la sublimité est le bien suprême. La réussite est la convergence de tout ce qui est beau. Ce qui favorise est l'accord de tout ce qui est juste. La persévérance est le fondement de toutes les actions.
Les quatre propriétés fondamentales de l'hexagramme sont ici mises en relation avec les quatre vertus cardinales de la morale chinoise.
L'amour correspond à la sublimité.
Les rites 5 correspondent à la réussite. La justice correspond à ce qui favorise.
La sagesse correspond à la persévérance.
a) 2. En tant que l'homme noble incarne l'amour, il est capable de gouverner les hommes. En tant qu'il réalise la
Septième aile.
Sur les rites
(Li) voir volume I p. 21 note.(N.d.T.). coopération de tout ce qui est beau, il est capable de les unir par les rites. En tant qu'il favorise tous les êtres, il est capable de faire régner entre eux l'harmonie par la justice. En tant qu'il est persévérant et ferme, il est capable de mener à bien toutes les actions.
[421]
Les quatre propriétés fondamentales du créateur sont en même temps les qualités nécessaires à un guide et à un souverain des hommes. Pour pouvoir gouverner et guider les hommes il est avant tout nécessaire de les aimer. Sans amour on ne peut rien accomplir de durable dans le domaine du gouvernement. La violence, qui agit au moyen de la crainte, n'a jamais de valeur que pour un moment. Elle engendre fatalement une réaction de résistance. Il résulte de cette conception fondamentale que la méthode pour unir les hommes est constituée par les rites. Rien n'établit de liens plus solides entre les hommes que des usages sociaux bien établis : leur observation provient de ce qu'ils apparaissent à chaque membre de la communauté comme ce qui est beau et digne de susciter des efforts. Là où l'on parvient à former un pareil cadre de rites dans lequel chacun se trouve bien, l'union et l'organisation des masses est facile à réaliser. La base de la vie sociale doit en outre être la plus grande liberté possible, le plus grand profit possible pour tous. Ces avantages sont garantis par la justice qui ne limite l'indépendance de l'individu que dans la mesure où cela est absolument indispensable au bien commun. Pour atteindre les buts fixés, on a besoin en quatrième lieu de la sagesse, qui se manifeste en ce qu'elle montre les voies précises durables susceptibles de conduire au succès conformément aux lois immuables de l'univers.
a) 3. L'homme noble agit d'après ces quatre vertus ; c'est pourquoi il est dit : le créateur est sublime, atteint la réussite, favorise, est constant.
b) 1. La sublimité du créateur repose sur le fait qu'il commence tout et obtient la réussite. b) 2. Faveur et persévérance. C'est ainsi qu'il réalise la nature et le mode des êtres.
Ici les propriétés sont de nouveau groupées deux par deux. La sublimité du créateur repose sur son caractère absolu, sur le fait qu'il est le principe premier de tous les êtres et qu'ainsi il n'est pas lui-même conditionné, qu'il est actif, c'est-à-dire qu'il est lui-même la cause première de tout le reste. La faveur et la persévérance, c'est-à-dire l'instinct
[422] et les lois fixes de la nature, manifestent la causalité du créateur dans son action efficace. L'instinct vital, ce qui favorise, ce qui est légitime pour chaque être est le fondement de sa nature, et cette nature agit suivant des lois fixes ; telle est l'essence de tous les êtres. Tandis que dans le Commentaire sur la décision la nature est ramenée à sa racines dans le décret divin, elle est ici montrée dans sa manière d'agir.
b) 3. Le créateur peut, par le commencement qu'il pose, favoriser dans la beauté l'univers entier. Sa vraie grandeur réside dans le fait qu'on ne déclare pas la manière dont il favorise.
Du créateur il est simplement dit qu'il favorise au moyen de ce qui lui appartient en propre d'une façon persévérante, c'est-à-dire au moyen de son essence la plus intime. Cela indique une infinité de possibilités et d'aspects de ses bienfaits. Cela contraste avec le mode d'action du Réceptif dont il est dit :
" Il opère en favorisant par la persévérance d'une jument ". Ici, dans le monde des phénomènes, chaque chose a sa nature déterminée qui est le principe d'individuation. Mais en même temps que cette nature déterminée se trouve également posée une limite par laquelle chaque être individuel est distingué de tous les autres.
b) 4. Qu'il est donc grand, le créateur ! Il est ferme et fort, modéré, correct, pur, sans mélange et spirituel.
Ici les propriétés de l'ensemble du signe sont déduites de la nature du maître de l'hexagramme, le neuf à la cinquième place, comme c'est fréquemment le cas dans le commentaire Touan auquel se réfère ce passage dans sa totalité. Le cinquième trait est ferme, car il est à une place impaire ; fort, car c'est un trait plein
(la force signifie le mouvement, la fermeté, le repos) ; il est modéré, parce qu'il se tient à [423] la place qui lui revient (trait fort à une place forte). Ces qualités mettent à nouveau en lumière les quatre propriétés fondamentales de l'hexagramme. Ces propriétés sont présentes d'une manière pure, sans mélange et spirituelle, parce que l'ensemble de l'hexagramme se compose uniquement de traits forts.
b) 5. Les six traits découvrent et déploient la pensée, si bien que la nature de l'ensemble est expliquée par leurs différents aspects.
Par suite de l'homogénéité de l'hexagramme, les différents traits se tiennent en une connexion continue qui éclaire encore davantage, à mesure qu'elle progresse, l'idée de l'ensemble. Sous ce rapport l'hexagramme.
" Le créateur" est en opposition avec "Le réceptif " où les différents traits se trouvent juxtaposés sans connexion interne. Cet aspect est en relation avec le caractère temporel du Créateur opposé au caractère spatial du Réceptif.
b) 6.
" A son heure il chevauche les six dragons pour monter au ciel. Les nuages passent et la pluie est distribuée ". Tout cela signifie que le monde est pacifié et indique la manière dont cela se fait.
A cause de cette remarque finale, le passage correspondant du Commentaire sur la décision est interprété comme s'appliquant à des événements historiques
(mise en ordre de l'Empire).
Sur les traits
Sur le neuf au commencement :
a) 4.
" Dragon caché. N'agis pas ". Que signifie cela ?
Le Maître dit :
" Cela signifie un être qui possède le caractère d'un dragon mais qui demeure caché. Il ne change pas pour se conformer au monde, il ne se fait pas de nom. Il se retire du monde, mais n'en conçoit pas de tristesse. Il n'est pas reconnu, mais n'en conçoit pas de tristesse. S'il est heureux, il met en oeuvre ses principes ; s'il est malheureux, il se retire avec eux. En vérité, il ne peut être déraciné : c'est un dragon caché. b) "Dragon caché, n'agis pas ". La raison en est qu'il se trouve en bas.
c) 1.
" Dragon caché. N'agis pas. " La force de la lumière est encore masquée et cachée.
d) 7. L'homme noble agit conformément au caractère qui s'est affermi en lui. C'est un mode d'action que l'on peut observer tous les jours.
Le fait d'être caché signifie qu'il est encore dans l'obscurité et non reconnu, qu'il n'aboutirait encore à rien s'il agissait. Dans ce cas, l'homme noble n'agit pas.
Sur le neuf à la deuxième place :
a) 5. Neuf à la deuxième place signifie :
" Dragon apparaissant dans le champ. Il est avantageux de voir le grand homme ". Que signifie cela ?
Le Maître dit : "Cela signifie un être qui a le caractère d'un dragon et qui est modéré et juste. Il est véridique même dans sa conversation ordinaire. Il est prudent même dans ses actions ordinaires. Il écarte ce qui est faux et préserve son intégrité. Il fait progresser son époque et ne s'en glorifie pas. Son caractère exerce une profonde influence et transforme les hommes.
Il est dit dans le Livre des Transformations :
" Dragon apparaissant dans le champ. II est avantageux de voir le grand homme ". Cela
[425] se rapporte à un être qui possède les qualités d'un souverain.
b) 2.
" Dragon apparaissant dans le champ ". La raison en est que l'époque n'a pas encore besoin de lui.
c) 2.
" Dragon apparaissant dans le champ ". Par lui l'univers entier parvient à la beauté et à la clarté.
d) 8. L'homme noble s'instruit pour rassembler des matériaux ; il questionne pour les trier ; ainsi il devient magnanime dans sa nature et bienveillant dans ses actes. Il est dit dans le Livre des Transformations :
"Dragon apparaissant dans le champ. Il est avantageux de voir le grand homme". Car il possède les qualités d'un souverain.
Sur le neuf à la troisième place :
a) 6. Neuf à la troisième place signifie :
" L'homme noble exerce tout le jour son activité créatrice. Le soir son esprit est encore rempli de soucis intérieurs. Danger. Pas de blâme ". Que signifie cela ?
Le Maître dit : L'homme noble fait progresser son caractère et travaille à sa tâche. C'est par la loyauté et par la foi qu'il fait progresser son caractère. Le travail sur ses paroles, de manière qu'elles soient fondées sur la vérité, voilà ce qui confère de la durée à son oeuvre. Il sait comment l'on doit y parvenir, et il y parvient ; il est ainsi capable de semer la bonne semence. Il sait comment on doit l'accomplir, et il l'accomplit ; il est ainsi capable de lui conférer la vraie durée. C'est pourquoi il n'est ni orgueilleux à
[426] sa place élevée, ni déçu à une place inférieure. C'est ainsi qu'il exerce une activité créatrice et qu'il est prudent lorsque les circonstances le demandent, si bien que, même dans une situation dangereuse, il ne commet pas de fautes.
b) 3.
" Il exerce une activité créatrice tout le jour ". Telle est la manière dont il accomplit ses entreprises.
c) 3.
" Il exerce une activité créatrice tout le jour ". Il se meut avec le temps.
d) 9. Le neuf à la troisième place manifeste une fermeté redoublée 6 et, en outre, n'est pas à une place centrale. D'une part, il n'est pas encore en haut, dans le ciel, et d'autre art il n'est plus en bas, dans le champ. C'est pourquoi l'on doit exercer une activité créatrice et être prudent
En tant que trait fort à une place forte.
(N.d.T.) lorsque les circonstances l'exigent. Alors, malgré le danger, l'on ne commet pas de fautes.
Sur le neuf à la quatrième place :
a) 7. Neuf à la quatrième place signifie :
" Vol hésitant au-dessus des profondeurs. Pas de blâme ". Que signifie cela ?
Le Maître dit :
" Il n'y a pas de règle fixe pour l'ascension et la descente : l'on doit seulement éviter de faire le mal ; la persévérance soutenue n'est pas de mise dans l'avance ou la retraite ; l'on doit seulement éviter de s'écarter de sa propre nature. L'homme noble cultive son caractère et travaille à son oeuvre afin de rencontrer en toutes choses le moment favorable. C'est pourquoi il ne commet pas de faute. " [427]
b) 4.
" Ascension hésitante au-dessus des profondeurs ". Il éprouve ses forces.
c) 4.
" Ascension hésitante au-dessus des profondeurs ". La Voie du créateur est sur le point de se transformer.
d) 10. Le neuf à la quatrième place est trop ferme et manque de modération. Il n'est pas encore en haut, dans le ciel, et il n'est plus en bas, dans le champ ; en outre, il n'est plus dans le domaine intermédiaire des hommes 7. C'est pourquoi il est dit :
" Vol hésitant". "Hésiter " signifie que l'on a la liberté de choix, c'est pourquoi l'on ne commet pas de faute.
Sur le neuf à la cinquième place :
a) 8. Neuf à la cinquième place signifie :
" Dragon volant dans le ciel. Il est avantageux de voir le grand homme ". Que signifie cela ?
Le domaine des hommes se compose des .3ème et .4ème traits.
(Voir vol. I, p. 305). On est ici à sa limite supérieure. (N.d.T.) Le Maître dit : Des choses dont les tonalités s'accordent vibrent ensemble. Des êtres qui ont des affinités naturelles se recherchent mutuellement. L'eau coule vers ce qui est humide. Le feu se tourne vers ce qui est sec. Les nuages suivent le dragon, le vent suit le tigre. Ainsi le sage s'élève, et toutes les créatures dirigent leurs regards vers lui. Ce qui est né du ciel se sent apparenté à ce qui est en haut. Ce qui est né de la terre se sent apparenté à ce qui est en bas. Chacun suit sa nature.
b) 5.
" Dragon volant dans le ciel ". C'est la manière suprême de gouverner.
c) 5.
" Dragon volant dans le ciel ". C'est ici
[428] la place qui convient au caractère céleste.
La place qui convient au caractère céleste.
d) 11. La nature du grand homme est en harmonie avec le ciel et la terre, sa lumière avec le soleil et la lune, sa logique avec les quatre saisons, le bonheur et le malheur qu'il crée avec les dieux et les esprits. Quand il anticipe l'action du ciel, le ciel ne le contredit pas. Quand il suit le ciel, il se dirige d'après le temps du ciel. Si le ciel lui-même ne lui résiste pas, combien moins les hommes, les dieux et les esprits !
Sur le neuf supérieur :
a) 9. Neuf en haut signifie :
" Dragon orgueilleux aura à se repentir ". Que signifie cela ?
Le Maître dit : Celui qui est noble mais n'a pas la position correspondante, celui qui s'est élevé mais n'a personne qui le suive, celui qui a sous son autorité des gens de valeur qui ne reçoivent pas son appui, celui-là aura à se repentir dès son premier mouvement.
b) 6.
" Dragon orgueilleux aura à se repentir". Tout ce qui va jusqu'à l'extrême rencontre l'infortune. c) 6. "Dragon orgueilleux aura à se repentir ". Il s'épuise avec le temps.
d) 12. L'orgueil signifie que l'on sait pousser en avant, mais non faire retraite, que l'on connaît l'existence mais non l'anéantissement, que l'on sait quelque chose du gain mais non de la perte.
Seul l'homme saint sait pousser en avant et se retirer, se maintenir et renoncer sans perdre sa véritable nature. Seul l'homme saint peut faire cela.
[429]
Sur " Tous les neuf se transforment " :
b) 7. Lorsque le créateur et le grand se transforment uniquement en des neuf l'ordre régit le monde.
c) 7. Lorsque le créateur et le grand se transforment uniquement en des neuf on perçoit la loi du ciel.
REMARQUE. L'hexagramme
" Le créateur " occupe une place tout à fait particulière en ce qu'il se compose uniquement de traits fermes, tous placés dans un certain rapport les uns avec les autres. Ils constituent une succession de degrés, de sorte que l'on peut observer un développement génétique dans le temps. C'est pourquoi les jugements annexés aux différents traits ne ressemblent pas à ceux des autres hexagrammes. La nature de la situation empêche qu'il soit ici question de correspondance ou d'entraide des lignes fermes et malléables 8. Le jugement ne prend en considération que le rapport de la place avec la nature du trait.
Il faut noter une différence caractéristique entre le trigramme supérieur et le trigramme inférieur. Le trigramme inférieur décrit le développement de la nature du créateur, et le trigramme supérieur le développement de sa position extérieure. Le premier et le quatrième traits constituent un commencement. Le premier trait, tout en bas, encore à l'intérieur du royaume de la terre
(places 1 et 2), est désigné comme caché, latent. Le quatrième trait, à la place inférieure du trigramme supérieur, traduit lui aussi un commencement qui est le changement de position. Les
Voir Vol. I, pp. 397-399.
(N.d.T.) présages fournis par ces deux traits ne sont pas en eux-mêmes favorables. Chacun d'eux est ferme à une place faible et ne s'accorde donc pas avec sa place. On pourrait en déduire une attitude quelque peu fautive. Etant donné toutefois que la nature du créateur est forte, il est expressément affirmé qu'il n'y a pas là de faute. La divergence entre le caractère du trait et sa place se manifeste plutôt dans la possibilité de décision qui est encore incertaine.
[430]
LES TRAITS:
centraux des deux trigrammes à la .2ème et à la .5ème places sont favorables. Le .2ème est central et, en cette qualité, doit sans plus ample examen être considéré comme correct. En tant qu'il se trouve encore dans le trigramme inférieur, il traduit la nature interne du grand homme qui se fait déjà connaître
(dans le " champ"), mais n'occupe pas la place correspondante. Il doit voir "le grand homme " à la cinquième place, auquel il est relié par la communauté de caractère et qui, en sa qualité de maître de l'hexagramme, peut lui assigner la place qui lui convient. Ces auspices favorables s'appliquent d'une manière plus nette au cinquième trait. Tandis que le .2ème montre l'homme fort à une place encore faible, inférieure, au .5ème trait, la nature intérieure et la position sont à l'unisson. Ce trait est fort à une place forte, à la place du ciel (.5ème et .6ème traits) et, par suite, maître de l'ensemble. C'est pourquoi il est le grand homme qu'il est avantageux de voir. C'est pourquoi les deux traits centraux sont dépourvus de tout avertissement. Ils sont purement et simplement favorables.
Il en va autrement des deux traits finaux
(des trigrammes), le .3ème et le .6ème . Le .3ème est encore donné comme favorable. Sans doute il possède trop de force à la place du passage – force du caractère accentuée par la force de la place – si bien que l'on doit apparemment redouter une faute. Mais comme l'ensemble du signe a pour thème la force créatrice, un excès d'énergie ne nuit pas. A la place du passage il peut en effet être appliqué en vue d'une préparation intérieure à des conditions nouvelles. Il n'en est pas de même du trait supérieur. L'ensemble trouve ici son terme. Mais le caractère demeure fort en dépit de la faiblesse de la place. Comme il n'y a pas d'issue, cette divergence entre le vouloir et les possibilités conduit au repentir.
[431]