P'I / LA STAGNATION (L'IMMOBILITE) 12
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Trigrammes nucléaires
SOUEN
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et KEN
———— —— —Les maîtres de l'hexagramme sont le six à la deuxième place et le neuf à la cinquième place. Durant la stagnation le haut et le bas ne sont pas réunis. Le six à la deuxième place a pour sentence :
" La stagnation apporte le succès". Il signifie celui qui se retire dans sa vertu pour éviter les difficultés. Le neuf à la cinquième place a pour sentence : "La stagnation touche à sa fin ". Il signifie celui qui change la stagnation en paix. Mais le six à la deuxième place est le maître constituant du signe, tandis que le neuf à la cinquième place est le maître gouvernant du signe.
L'ordre de succession
Les choses ne peuvent pas toujours rester réunies. C'est pourquoi vient ensuite l'hexagramme : LA STAGNATION.
L'hexagramme est l'inverse du précédent. Par suite les mouvements vont dans des directions opposées. Le trigramme supérieur

K'ien remonte toujours davantage vers le haut, le trigramme inférieur, K'ouen, s'enfonce toujours
[498] davantage vers le bas. Les deux trigrammes nucléaires Souen, douceur, et Ken, immobilité, sont également caractéristiques : ils forment tous deux l'hexagramme Kou " Le travail sur ce qui est corrompu " (cf. n° 18), et, là aussi, impliquent la stagnation. L'hexagramme est assigné au septième mois (août]septembre). La connexion des hexagrammes entre eux
Les hexagrammes LA STAGNATION et LA PAIX Sont opposés de par leur nature.
LE JUGEMENT:
LA STAGNATION. Des hommes mauvais ne favorisent pas la persévérance de l'homme noble. Le grand s'en va, le petit vient.
Commentaire sur la décision
"Des hommes mauvais de l'époque de la stagnation ne favorisent pas la persévérance de l'homme noble. Le grand s'en va, le petit vient".
De cette manière le ciel et la terre ne s'unissent pas, et tous les êtres n'entrent pas en rapport.
Le haut et le bas ne se rejoignent pas, et sur la terre les Etats s'écroulent.
Au-dedans est le sombre, au-dehors est le lumineux ; au-dedans la faiblesse, au-dehors la dureté ; au-dedans le vulgaire, au-dehors le noble. La voie du vulgaire croît, la voie du noble décroît.
Les situations sont opposées trait pour trait à celles de l'hexagramme précédent. Bien qu'il s'agisse de situations cosmiques, la cause première doit être recherchée dans la fausse direction des êtres. Il y a des êtres qui gâtent les situations – sans parler naturellement des phénomènes généraux de déclin dans le cours normal de la vie comme dans celui de l'année. Quand le ciel et la terre ne se rejoignent pas, la vie s'immobilise dans la nature. Quand
[499] le haut et le bas ne se rejoignent pas, la vie politique et sociale s'immobilise. A l'intérieur, au centre, on devrait avoir la lumière ; au lieu de cela, c'est l'ombre qui est présente, et la lumière est poussée vers l'extérieur. L'être est faible au-dedans et dur au]dehors ; les hommes vulgaires sont en ascension, les êtres nobles déclinent, de même que les traits obscurs entrent dans l'hexagramme et font pression vers le haut, tandis que les traits forts se retirent vers le haut.
L'IMAGE:
Le ciel et la terre ne s'unissent pas : image de LA STAGNATION. Ainsi l'homme noble se retire dans sa valeur intime pour sortir des difficultés. Il ne permet pas qu'on le gratifie de revenus.
Le triomphe sur les difficultés du temps de la stagnation est représenté par les propriétés des deux trigrammes. Le trigramme

K'ouen a le sens d'
" économie", de "se retirer sur quelque chose ". Les trois traits forts du trigramme extérieur K'ien, qui se retirent, sont le symbole de la sortie de toutes les difficultés qui naissent de la poussée des êtres vulgaires. Cette retraite implique également que l'on ne se laisse pas gratifier de revenus. Tandis que dans l'hexagramme précédent les dons du ciel et de la terre sont administrés par l'homme noble, ici il se tient entièrement à distance 26.
LES TRAITS:
Six au commencement :
a. Si l'on arrache une laîche, le gazon vient avec. Chacun selon son espèce.
La persévérance apporte fortune et succès.
b.
" Si l'on arrache une laîche, le gazon vient avec. La persévérance apporte la fortune ".
La volonté est dirigée vers le maître.
[500]
Ici les traits yin, pris individuellement, ne sont pas considérés comme vulgaires, mais comme des êtres nobles au temps où le vulgaire triomphe. Conformément à la direction du mouvement des trigrammes, il ne s'établit
Cette dernière phrase est traduite d'après la version anglaise plus explicite que l'original allemand
(N.d.T.). pas de relation de correspondance entre les traits supérieurs et les traits inférieurs. C'est pourquoi les trois traits inférieurs demeurent réunis comme des tiges de gazon et se retirent ensemble vers le bas, pour être fidèles au prince et ne pas devoir s'associer aux êtres vulgaires qui s'avancent.
Six à la deuxième place :
a. Ils supportent et tolèrent ; pour le vulgaire cela signifie fortune.
La stagnation sert au succès du grand homme.
b.
" La stagnation sert au succès du grand homme ". Il ne jette pas la confusion dans les multitudes.
Les êtres inférieurs se montrent empressés à l'égard du souverain, le neuf à la cinquième place, et cela est heureux pour eux, car ils pourraient ainsi s'améliorer.
Mais l'être noble ne se laisse pas entraîner à une semblable relation flagorneuse, incorrecte, pour ne pas jeter le trouble dans les multitudes qui partagent ses sentiments.
Il est ici question de supporter, tout comme dans l'hexagramme précédent, mais là c'est un homme inférieur qui est supporté par un homme supérieur, tandis qu'ici ce sont des personnes influentes, riches et puissantes qui supportent avec hypocrisie.
Six à la troisième place :
a. Ils supportent la honte.
b.
" Ils supportent la honte ", car la place n'est pas la juste place.
Le trois est faible à la place de transition, qui est forte. Ce n'est pas la juste place, d'où l'idée d'humiliation. Comme le trait est au sommet du trigramme inférieur K'ouen, il est celui qui supporte et tolère ceux placés au-dessous. Ici se [501] trouve indiqué le commencement du changement en mieux, de même que, dans l'hexagramme précédent, le neuf à la troisième place traduisait le commencement de l'insuccès. Neuf à la quatrième place :
a. Celui qui agit au commandement du Suprême demeure sans blâme. Les êtres de nature semblable jouissent de la bénédiction.
b.
" Celui qui agit au commandement du Suprême demeure sans blâme ". La volonté s'accomplit.
Le milieu de la stagnation est franchi. L'ordre se rétablit peu à peu. Le neuf à la quatrième place est fort à une place faible, donc pas trop faible. Il se tient à la place du ministre et par suite exerce son action sous une autorité supérieure. C'est pourquoi le trait demeure sans blâme. Ici, comme au trait précédent, on trouve l'union du souverain et du ministre.
Neuf à la cinquième place :
a. La stagnation touche à sa fin. Pour le grand homme, fortune.
" Et si cela échouait ! et si cela échouait ! " C'est pourquoi il l'attache à une touffe de tiges de mûrier.
b. La fortune du grand homme consiste en ce que la place est correcte et appropriée.
La cinquième place est la place du souverain ; le trait a toutes les qualités nécessaires pour l'occuper ; c'est pourquoi il amène le temps de la stagnation à sa fin. Mais il n'a pas encore achevé ce travail, d'où la préoccupation anxieuse de savoir si les choses ne vont pas avorter. Toutefois une telle préoccupation est bonne.
Neuf en haut :
a. La stagnation prend fin. D'abord stagnation, ensuite fortune.
[502]
b. Quand la stagnation prend fin, elle s'inverse. On ne doit pas vouloir la rendre permanente.
Ici la fin est atteinte. Ainsi le changement fait effectivement son apparition. Le trait fort se tient à la fin de l'hexagramme
" la stagnation ". Cela veut dire que le changement est là. On observera ici encore le parallélisme avec le trait supérieur de l'hexagramme précédent.