MONG / LA FOLIE JUVENILE 4
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Trigrammes nucléaires
K'OUEN
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et TCHEN
— —— ————Le neuf à la deuxième place et le six à la cinquième place sont les maîtres de l'hexagramme. Le neuf à la deuxième place a un caractère ferme et central et le six à la cinquième lui correspond. Le neuf à la deuxième place est dans une situation inférieure : c'est l'instructeur capable d'enseigner les autres. Le six à la cinquième place est dans une situation supérieure : il est capable de vénérer l'instructeur et ainsi d'enseigner les humains par son intermédiaire.
L'ordre de succession
Après que les choses sont nées dans des difficultés initiales, elles sont toujours enveloppées de torpeur au moment de leur naissance. C'est pourquoi vient ensuite l'hexagramme : LA FOLIE JUVÉNILE. La folie juvénile signifie la torpeur de la jeunesse. C'est l'état juvénile des choses.
La connexion des hexagrammes entre eux
LA FOLIE JUVÉNILE signifie le chaos et l'illumination qui lui succède.
[453]
Dans les débuts les qualités et les aptitudes variées sont encore dans un état de mélange et de confusion. Au moyen de l'éducation il s'opère une différenciation de toutes choses et la clarté se substitue à la torpeur. La torpeur est symbolisée par l'abîme du trigramme inférieur, la clarté par la montagne du trigramme supérieur.
LE JUGEMENT:
LA FOLIE JUVÉNILE possède la réussite. Ce n'est pas moi qui recherche le jeune fou, c'est le jeune fou qui me recherche. Au premier oracle, j'informe. S'il interroge deux, trois fois, c'est de l'importunité. S'il est importun, je n'informe pas. La persévérance est avantageuse.
Commentaire sur la décision
LA FOLIE JUVÉNILE montre un danger au pied d'une montagne. Danger et immobilité : voilà la folie.
L'IMAGE:
de l'hexagramme, une montagne, avec, devant elle, un abîme contenant de l'eau, de même que ses propriétés, un danger devant lequel on se tient immobile, conduisent à l'idée de folie.
"La folie possède la réussite."
Celui qui réussit trouve le moment opportun pour agir.
"Ce n'est pas moi qui recherche le jeune fou, c'est le jeune fou qui me recherche."
Les deux positions se correspondent mutuellement.
" Au premier oracle je réponds ",
parce que la place est ferme et centrale.
"S'il interroge deux fois, trois fois, c'est de l'importunité. S'il est importun, je ne réponds pas."
L'importunité est folie.
Fortifier ce qui est droit chez un fou,
c'est là une oeuvre sacrée.
[454]
Le maître de l'ensemble de l'hexagramme est le deuxième trait qui est fort. Il est au centre du trigramme inférieur, donc à une place centrale. Parce qu'il est fort et central, il a du succès en agissant au moment central, qui est le moment opportun. Il signifie un sage dans une situation inférieure, qui a les capacités nécessaires pour conseiller un souverain juvénile et inexpérimenté. Le souverain juvénile est représenté par un trait faible à la cinquième place qui se trouve en relation de correspondance avec le trait fort à la deuxième place. Mais puisque le cinquième trait, qui se trouve à la place supérieure, est faible, tandis que le deuxième, placé dans une position inférieure, est fort de nature, l'idée exprimée est que ce n'est pas l'éducateur vigoureux qui recherche le jeune insensé, mais le jeune insensé qui s'approche de l'éducateur en lui demandant une faveur. C'est le mode de relation correct dans le domaine de l'éducation.
Parce que le deuxième trait est correct et central, il peut répondre aux questions du cinquième en demeurant à l'intérieur de limites de modération bien définies. Mais si l'on sort de ces limites par des questions importunes, le maître devient à son tour désagréable à l'égard de l'élève en refusant de répondre.
La sentence :
" La persévérance est avantageuse", est renforcée par le commentaire final : "fortifier ce qui est droit chez un fou est une oeuvre sacrée ".
En plus du deuxième trait, le trait fort du haut se donne également pour tâche de mettre un terme à la folie juvénile, tandis que les quatre autres traits représentent des jeunes fous d'espèces diverses. Le deuxième trait, qui est dans une position centrale, représente la douceur, tandis que le trait fort du haut exprime la sévérité.
L'IMAGE:
Au pied de la montagne jaillit une source : image de la JEUNESSE. Ainsi l'homme noble cultive son caractère en étant profond dans tous ses actes.
La source au pied de la montagne est encore petite et juvénile. L'homme noble tire le cours de ses actions des images des deux trigrammes. Il est par nature entier et
[455] clair comme un torrent de montagne. Il parvient ainsi à une attitude de calme face au danger qui rivalise avec le calme d'une montagne au bord de l'abîme.
LES TRAITS:
Six au commencement :
a. Pour faire évoluer l'insensé il est avantageux d'imposer une discipline. On doit ôter les entraves. Continuer d'agir ainsi apporte l'humiliation.
b.
" Il est avantageux d'imposer une discipline ", c'est-à-dire pour mettre l'accent sur la loi.
Le trait malléable à la place inférieure est un jeune fou qui ne suit pas encore pour l'instant de direction déterminée. Il doit être assujetti à une discipline par le trait fort qui se tient au-dessus de lui à la deuxième place, afin que des principes fermes et de bonnes habitudes puissent se former en lui.
Neuf à la deuxième place :
a. Supporter avec douceur les insensés procure la fortune. Savoir prendre les femmes procure la fortune. Le fils est devenu apte à prendre en charge la maison.
b.
" Le fils est devenu apte à prendre en charge la maison ", car le ferme et le malléable sont reliés l'un à l'autre.
Le cinquième trait, qui est malléable, est en relation complémentaire avec le deux, qui est ferme. C'est pourquoi le maître de maison, qui est accommodant, laisse faire son fils, qui est ferme. Cela vaut également dans la vie publique pour les relations entre prince et fonctionnaire.
Ce trait est le maître de l'ensemble de l'hexagramme.
Six à la troisième place :
a. Tu ne dois pas prendre une jeune fille qui,
[456] voyant un homme d'airain, ne demeure pas maîtresse d'elle]même. Rien n'est avantageux.
b. On ne doit pas prendre la jeune fille, car son attitude n'est pas conforme à l'ordre. Le trait est malléable et se trouve à une place forte qui est en outre la place du passage du trigramme inférieur au trigramme supérieur. C'est pourquoi il ne peut résister à la tentation de s'oublier ; son attitude s'écarte donc de la norme. C'est pourquoi une relation intime n'est pas favorable. La correction de texte proposée par Tchou Hi qui lit
" prudente" au lieu de "conforme à l'ordre " est inutile.
Six à la quatrième place :
a. Une folie juvénile limitée apporte l'humiliation.
b. L'humiliation de la folie juvénile limitée provient de ce qu'elle est aussi éloignée que possible du réel.
Un trait malléable à une place faible, sans relation avec un trait fort et entouré d'autres traits faibles est, par suite des circonstances, complètement exclu de toute possibilité de relation avec un trait réel, c'est-à-dire fort ; c'est pourquoi il est irrémédiablement confiné dans sa folie juvénile.
Six à la cinquième place :
a. La folie puérile apporte la fortune.
b. La fortune de l'insensé provient de ce qu'il est soumis et doux.
La cinquième place est celle du souverain, mais, comme le trait est malléable et se trouve en relation avec le trait ferme à la deuxième place, l'idée exprimée est celle de la soumission, c'est-à-dire de la courtoisie dans les paroles et de la douceur, c'est-à-dire de la disposition à écouter. Le trait est placé au sommet du trigramme nucléaire supérieur K'ouen, qui a pour nature le don de soi, la soumission.
[457]
Neuf en haut :
a. Lorsqu'on châtie la folie, il n'est pas avantageux de commettre des excès de pouvoir ; la seule chose avantageuse est d'éviter les excès de pouvoir.
b.
" Il est avantageux d'éviter les excès de pouvoir ", car de cette manière ceux qui sont en haut et ceux qui sont en bas se conforment à l'ordre. Le trait fort est en relation avec le trait faible qui a dévié de (ordre et pousse en avant sans tenir compte des circonstances. II est vigoureusement repoussé dans son domaine, si bien qu'il se conforme à l'ordre. Toutefois comme, de son côté, le trait supérieur ne va pas trop loin, mais conserve une attitude purement défensive, lui-même ne s'écarte pas de l'ordre.