HONG / LA DUREE 32
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Trigrammes nucléaires
TOUEI
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et K'IEN
—————————La durée signifie ce qui est toujours. Ce qui est au milieu dure toujours. Dans l'hexagramme, la deuxième et la cinquième places sont au milieu. Le six à la cinquième place est central, mais faible, tandis que le neuf à la deuxième place est à la fois central et fort. C'est pourquoi le deuxième trait est le maître de l'hexagramme.
Tandis que dans l'hexagramme précédent la correspondance des traits était plutôt considérée comme une entrave, ici par contre le fait que tous les traits se correspondent mutuellement est la preuve d'une organisation intérieure solide de l'hexagramme qui garantit la durée.
Le trait fort à la deuxième place est en relation de correspondance avec le trait faible à la sixième place.
L'ordre de succession
La Voie de l'époux et de l'épouse ne doit pas faire autre chose que de demeurer longtemps. C'est pourquoi vient ensuite l'hexagramme : LA DURÉE. La durée signifie demeurer longtemps.
La connexion des hexagrammes entre eux
LA DURÉE signifie
" qui demeure longtemps " [606]. Jugements annexés
LA DURÉE réalise la fermeté de caractère. L'hexagramme
" la durée " montre de multiples expériences sans satiété.
L'hexagramme
" la durée " réalise l'unité du caractère.
LE JUGEMENT:
LA DURÉE. Succès. Pas de blâme. La persévérance est avantageuse.
Il est avantageux d'avoir où aller.
Commentaire sur la décision
LA DURÉE signifie :
" qui demeure longtemps " : le fort est en haut, le faible en bas ; le tonnera et le vent oeuvrent ensemble. Doux et en mouvement. Les forts et les faibles se correspondent tous : cela signifie la durée.
"Succès. Pas de blâme. La persévérance est avantageuse". Cela signifie une persévérance durable dans son cours. Le cours du ciel et de la terre est durable et long, et il ne cesse jamais.
"Il est avantageux d'avoir où aller". Cela signifie qu'une fin est toujours suivie d'un nouveau commencement. Le soleil et la lune ont le ciel et peuvent par conséquent briller durablement. Les quatre saisons changent et transforment, et peuvent par conséquent accomplir durablement. L'élu demeure durablement dans son cours, et le monde se transforme jusqu'à s'accomplir. Si l'on médite sur ce qui donne de la durée à une chose, on peut connaître la nature du ciel et de la terre, ainsi que de tous les êtres.
[607]
L'organisation de l'hexagramme montre le trigramme fort

Tchen en haut et le trigramme faible

Souen en bas ; c'est l'état durable dans le monde. Le fils aîné et la fille aînée sont unis dans le mariage par contraste avec la situation de l'hexagramme précédent, qui est la conclusion du mariage.
Les images montrent le tonnerre qui est porté encore plus loin par la force du vent, et le vent, qui est renforcé par la puissance du tonnerre. Leur action commune confère de la durée à l'un et à l'autre.
La propriété du trigramme

Souen est la douceur, celle du trigramme Tchen, le mouvement. Le mouvement extérieur, qui est supporté à l'intérieur par le don de soi, est également capable de durer.
Finalement la relation de correspondance mutuelle entre les différents traits
(six à la première place et neuf à la quatrième ; neuf à la deuxième place et six à la cinquième ; neuf à la troisième place et six à la sixième) procure à l'hexagramme la fermeté intérieure et la durée.
Tout cela sert à expliquer le nom de l'hexagramme.
Les conditions de la durée sont ensuite énumérées à l'aide du jugement. Elles consistent dans la persévérance dans le juste cours, donc la persévérance dans le changement. C'est le secret de l'éternité du monde.
La persévérance dans le cours conduit au but, donc à la fin. Comme toutefois le cours est circulaire, un nouveau commencement s'adjoint à chaque fin. Le mouvement et le repos s'engendrent mutuellement. C'est le rythme de tout ce qui advient. L'action de ce principe est ensuite représentée en détail dans le macrocosme et le microcosme.
L'IMAGE:
Tonnerre et vent : image de la DURÉE.
Ainsi l'homme noble conserve une attitude ferme et ne change pas de direction.
Le tonnerre est ce qui se meut ; le vent, ce qui pénètre : cela explique ce qui se meut à l'extrême, qui possède la durée dans la loi du mouvement.

Tchen et

Souen ont l'un et l'autre comme attribut le
[608] bois, d'où l'idée de tenir ferme.

Souen est à l'intérieur et pénètre,

Tchen est à l'extérieur et se meut, d'où l'idée de direction ferme.
LES TRAITS:
Six au commencement :
a. Vouloir trop vite la durée apporte une constante infortune. Rien qui soit avantageux.
b. L'infortune de la durée hâtive provient de ce que l'on veut trop tout de suite, dès le commencement.
Le trait initial est le maître du trigramme Souen. Le trigramme

Souen a pour propriété la pénétration. Le premier trait veut pénétrer trop vite et trop profondément. Cette impétuosité entrave l'action – favorable au demeurant – du trait fort à la quatrième place, dont l'affinité ne peut, par suite, s'exprimer.
Neuf à la deuxième place :
a. Le remords disparaît.
b. Le remords disparaît pour le neuf à la deuxième place, parce qu'il est durablement central.
Un trait fort à une place faible pourrait en principe donner lieu à du remords. Mais comme ce trait est fort et central et possède une relation correcte avec le six à la cinquième place, on n'a pas à redouter que les limites de la mesure ne soient franchies, et l'occasion de remords s'évanouit.
Neuf à la troisième place :
a. Celui qui ne procure pas la durée à son caractère rencontre la disgrâce.
Humiliation persistante.
b.
" Celui qui ne procure pas la durée à son caractère " n'est pas toléré.
[609] Le trait est à la limite du passage du trigramme inférieur au trigramme supérieur, et, par suite, excité et superficiel. Vers l'avant, il n'est pas encore entré dans le mouvement du trigramme Tchen, et vers l'arrière il a déjà dépassé la douceur de

Souen – parce que fort à une place forte – si bien qu'il ne trouve sa place nulle part.
Neuf à la quatrième place :
a. Il n'y a pas de gibier dans le champ.
b. Quand on n'est jamais à sa place, comment pourrait-on y trouver du gibier ?

Tchen a pour attribut le cheval qui circule dans le champ, et aussi la grand-rue, où il n'y a pas de gibier, d'où l'image.
Le trait est placé au commencement du trigramme Tchen, il n'est donc pas central. Il est fort à une place faible, il n'est donc pas correct. C'est pourquoi il se meut sans cesse là où il ne devrait pas se mouvoir et, par suite, il ne trouve rien. Le troisième trait a du caractère – fort à une place forte – mais pas de durée ; le quatrième a la durée, mais pas de caractère – fort à une place faible.
Six à la cinquième place :
a. Donner de la durée à son caractère par la persévérance est source de fortune pour la femme et d'infortune pour l'homme.
b. Pour la femme la persévérance est source de fortune, car elle suit l'homme toute sa vie. L'homme doit se tenir à son devoir ; s'il suit la femme, cela est mauvais.
Le trait est faible, mais central, et il est en relation directe avec le neuf fort à la deuxième place qui est le maître de l'hexagramme. Mais le fait que le faible suive le fort sans défaillance est une vertu de la femme. Pour un homme les choses se passent autrement. [610] Six en haut :
a. La hâte comme état durable apporte l'infortune.
b. La hâte comme état durable dans une situation élevée est totalement dépourvue de mérite.

Tchen a pour propriété le mouvement. Ici un trait faible se trouve au sommet du trigramme du mouvement. Il ne peut pas se maîtriser, mais tombe dans une précipitation fâcheuse qui est contraire à la signification du moment et, par suite, source d'infortune.
Le trait est l'opposé du six du début : là un mouvement trop rapide pour durer, ici un mouvement durable qui ne mène à rien.