SOUEN / LA DIMINUTION 41
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Trigrammes nucléaires
K'OUEN
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et TCHEN
— —— ————On trouve à l'arrière-plan de l'hexagramme

Souen l'idée que le trait supérieur du trigramme inférieur est diminué pour augmenter le trait supérieur du trigramme supérieur. Par suite, les maîtres constituants de l'hexagramme sont le six à la troisième place et le neuf supérieur. Toutefois, le maître gouvernant est le six à la cinquième place, étant donné qu'il est le maître enrichi par la diminution du trait inférieur et l'augmentation du trait supérieur.
L'ordre de succession
Par la détente quelque chose est perdu à coup sûr. C'est pourquoi vient ensuite l'hexagramme LA DIMINUTION.
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La connexion des hexagrammes entre eux
Les hexagrammes LA DIMINUTION et L'AUGMENTATION sont le commencement de la floraison et du déclin.
L'hexagramme se compose de Touei en bas et de

Ken en haut. La profondeur du lac est diminuée au profit de la hauteur de la montagne, qui est augmentée. Le trait supérieur du trigramme inférieur est diminué au profit du trait supérieur du trigramme supérieur, qui est augmenté. Dans les deux cas l'inférieur est diminué au profit du supérieur, et cela signifie nettement une diminution.
Quand la diminution a atteint son but, la floraison apparaît à coup sûr. Par suite la diminution est le commencement de la floraison, de même que l'augmentation par l'abondance introduit le déclin. Les jugements annexés
L'hexagramme LA DIMINUTION représente la culture du caractère.
Il représente d'abord les difficultés et ensuite la facilité. Ainsi il tient les dommages éloignés.
LE JUGEMENT:
LA DIMINUTION alliée à la sincérité produit une suprême fortune sans blâme. On peut y persévérer.
Il est avantageux d'entreprendre quelque chose.
Comment mettre cela en pratique ? On peut utiliser deux petites coupes pour le sacrifice.
Commentaire sur la décision
LA DIMINUTION. L'inférieur est diminué, le supérieur est augmenté ; le chemin se dirige vers le haut.
[656]
"La diminution alliée à la sincérité produit une suprême fortune sans blâme. On peut y persévérer. Il est avantageux d'entreprendre quelque chose. Comment mettre cela en pratique ? On peut utiliser deux petites coupes pour le sacrifice".
Les deux petites coupes correspondent au temps.
Il y a un temps pour diminuer le ferme et un temps pour augmenter le malléable. Dans la diminution et l'augmentation, dans le plein et le vide on doit correspondre au temps.
Le trait ferme supérieur est diminué par le trigramme inférieur, c'est-à-dire qu'il est remplacé par un malléable, et, en même temps, le trait supérieur du trigramme supérieur est augmenté, c'est-à-dire remplacé par un trait ferme, et ce trait se dirige vers le haut. Le supérieur est enrichi aux dépens de l'inférieur. Les inférieurs offrent un sacrifice au souverain. Si ce sacrifice est offert dans la sincérité du coeur, il n'est pas mauvais, mais couronné de succès et fait obtenir tous les biens désirables. Alors la parcimonie n'est pas honteuse. Ce qui importe c'est que les choses arrivent au moment voulu.
L'IMAGE:
Au-dessous de la montagne est le lac : image de LA DIMINUTION. Ainsi l'homme noble maîtrise sa colère et refrène ses instincts.
Le lac s'évapore ; son eau diminue et profite à la végétation de la montagne qui est ainsi favorisée dans sa croissance et enrichie. La colère s'élève, haute comme une montagne ; les instincts noient le coeur comme la profondeur d'un lac. Comme ces deux trigrammes signifient le plus jeune fils et la plus jeune fille, les passions sont particulièrement fortes. La colère qui s'élève doit être maîtrisée par l'immobilité du trigramme supérieur Ken, et les instincts doivent être refrénés par la propriété de limitation du trigramme
[657] inférieur Touei, comme le lac enferme ses eaux à l'intérieur de ses rives.
LES TRAITS:
Neuf au commencement :
a. Quand les affaires sont terminées, s'en aller vite n'entraîne pas de blâme.
Il faut cependant se demander jusqu'à quel point on peut diminuer les autres.
b.
" Quand les affaires sont terminées s'en aller vite. "
Cela est bien parce que les sentiments du supérieur sont en accord avec les nôtres.
Le trait inférieur signifie les gens du peuple. Tandis que lui-même est fort, il se tient en relation de correspondance avec le trait faible, six à la quatrième place, qui signifie le fonctionnaire. Le supérieur a besoin de l'aide de l'inférieur, aide que celui-ci lui offre avec empressement. A la place du mot signifiant
" sont terminées", d'anciennes éditions (cf. Cho Wen où ce texte est cité) portent le mot qui veut dire "grâce à, avec". On aurait ainsi : "S'en aller vite avec des services – c'est-à-dire pour aider le supérieur – n'entraîne pas de blâme." Cela signifie la diminution consentie par l'inférieur au profit du supérieur. La deuxième moitié du texte qui signifie littéralement : "Il faut soupeser jusqu'à quel point on peut diminuer les autres ", se rapporte au supérieur qui réclame les services de l'inférieur. Son devoir est de soupeser jusqu'à quel point il peut pousser sa revendication sans léser l'inférieur. Ce n'est que lorsque de telles dispositions règnent chez le supérieur qu'elles s'accordent avec l'esprit de sacrifice de l'inférieur. Si le supérieur voulait présenter des demandes inconsidérées, la joie de donner éprouvée par l'inférieur serait diminuée.
Neuf à la deuxième place :
a. La persévérance est avantageuse. Entreprendre quelque chose est source d'infortune. Sans se
[658] diminuer soi]même on peut augmenter les autres.
b. Le fait que le neuf à la deuxième place est favorisé par la persévérance provient de ce que sa disposition correspond au juste milieu.
Le neuf est fort et situé à une place centrale. C'est pourquoi la persévérance dans cette disposition est avantageuse. Il se tient au commencement du trigramme nucléaire Tchen, l'éveilleur ; cela pourrait suggérer qu'il est capable d'aller de lui-même vers le six à la cinquième place avec lequel il est en relation de correspondance, mais s'il le faisait, il se diminuerait quelque peu. Il est conforme à sa place centrale qu'il augmente les autres sans se diminuer lui-même.
Six à la troisième place :
a. Quand trois hommes voyagent ensemble, leur nombre diminue d'une unité.
Quand un homme voyage seul, il trouve son compagnon.
b. Si un homme voulait voyager à trois, il naîtrait de la méfiance. Le texte dit que quand trois hommes vont ensemble, ils diminuent d'une unité et que quand un homme voyage seul il trouve un compagnon. Cela se réfère à la transformation qui s'est produite dans le trigramme inférieur. Celui-ci se composait à l'origine des trois traits forts du trigramme K'ien, le créateur. Ils sont ensemble sur la route. Puis l'un d'eux se sépare du groupe et monte à la place la plus élevée du trigramme supérieur. Le trait faible qui le remplace en troisième position est isolé au-dessous des deux autres traits du trigramme inférieur. Mais il est en relation de correspondance avec le trait fort supérieur et, par suite, trouve son complément. Par cette séparation les trois deviennent deux, tandis que par la réunion, l'un devient deux ; ainsi ce qui est en excès est diminué et ce qui est déficient est augmenté. Ce processus qui se déroule entre les trigrammes

K'ien et

K'ouen de l'hexagramme primitif
[659] donne naissance aux deux plus jeunes enfants,

Ken et Touei. Toutefois le six, à la troisième place qui est isolé dans le trigramme inférieur, ne doit plus songer à aller de pair avec les deux autres, sinon des malentendus feraient leur apparition.
Koung Tseu dit au sujet de ce trait :
" Le ciel et la terre entrent en contact et toutes choses se modèlent et prennent forme. Le mâle et la femelle unissent leurs semences et tous les êtres se forment et naissent. Il est dit dans le Livre des Transformations : "Quand trois hommes voyagent ensemble, leur nombre diminue d'une unité. Quand un homme voyage seul, il trouve son compagnon". Cela se réfère à ce qui se passe lorsqu'on devient un. "
Six à la quatrième place :
a. Lorsqu'on atténue ses défauts, on fait que l'autre vient en hâte et se réjouit.
Pas de blâme.
b.
" Lorsqu'on atténue ses défauts ", c'est là assurément quelque chose qui cause de la joie.
Le six à la quatrième place a pour défaut une faiblesse excessive. Il est faible à une place faible, enfermé entre deux traits faibles au-dessus et au-dessous. Mais ces défauts sont corrigés par l'attitude de correspondance avec le trait initial fort. En remédiant à ces défauts le six à la quatrième place permet au neuf initial de venir promptement à son secours, ce qui donne de la joie à tous deux et n'est pas une faute.
Six à la cinquième place :
a. Quelqu'un l'augmente à coup sûr.
Dix paires de tortues ne peuvent pas s'opposer à lui. Suprême fortune.
b. La suprême fortune du six à la cinquième place provient de ce qu'il est béni d'en haut.
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S'il est enrichi, dix paires d'écailles de tortues ne peuvent le contredire 43 et il survient une suprême fortune. Le nombre dix est suggéré par le trigramme nucléaire K'ouen. La tortue appartient au trigramme

Li qui, à vrai dire, ne peut être identifié dans l'hexagramme que d'une manière tout à fait forcée. Une grande tortue oraculaire coûte vingt cauris. Un double cauris est appelé paire. C'est une explication : une tortue valant dix paires de cauris.
Suivant une autre explication, il s'agit de dix paires d'écailles de tortues. La bénédiction venant d'en haut est évoquée par le trait fort supérieur qui recouvre l'hexagramme et le protège.
Neuf en haut :
a. Lorsque quelqu'un est augmenté sans diminution des autres, cela est sans blâme.
La persévérance apporte la fortune.
Il est avantageux d'entreprendre quelque chose.
On obtient des serviteurs, mais on ne possède plus de maison séparée.
b. Sans diminuer il est augmenté, c'est-à-dire qu'il parvient dans une large mesure à sa volonté.
Allusion à l'antique oracle obtenu à l'aide d'écailles de tortues
(N.d.T.) Le trait supérieur est enrichi par le six à la troisième place. Il accepte cette augmentation, mais de telle sorte que l'autre n'en sort pas diminué. Par suite, la relation est ici l'inverse de celle rencontrée au neuf à la troisième place qui augmente les autres sans se diminuer. C'est pourquoi les aspects sont pleinement favorables, car l'harmonie entre les supérieurs et les inférieurs est maintenue. La montagne signifie une maison. Quand le trait se transforme, le trigramme supérieur devient

K'ouen qui ne connaît pas de maison, c'est-à-dire pas de montagne. Sa direction est le sud-ouest. Il y a donc des auxiliaires loyaux, mais non pour défendre des avantages familiaux particuliers.
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